was successfully added to your cart.

Panier

Actualité 26 mars 2020

[MODE EN SCÈNE]

Scène#1 : Et Chanel vint à Hollywood…

Par Céline Arzatian, Laboratoire IRCAV, Paris III, Sorbonne Nouvelle. (Thèse en préparation : « Les rapports de la mode et du cinéma en France dans les années 1920 »)

Aujourd’hui, Culture(s) de Mode vous proposer de plonger dans une nouvelle série d’articles: “Mode en scène” pour découvrir les liens entre la couture et le cinéma

La première expérience cinématographique de Gabrielle Chanel débute en 1931 après sa rencontre avec le producteur américain Sam Goldwyn. La crise économique sévit depuis 1929 aux Etats-Unis et l’industrie du cinéma n’est pas épargnée avec une désaffection du public dans les salles. Dans ce contexte, Sam Goldwyn qui vient de faire des recettes correctes avec son précédent film Street Scene, achète les droits d’un autre succès de Broadway To-night or Never. Il pense à Gloria Swanson, star incontestable du cinéma, dont la carrière commence à s’essouffler depuis le passage aux films parlants, pour tenir le rôle de la diva capricieuse.

Goldwyn estime que les femmes vont au cinéma pour voir surtout comment d’autres femmes s’habillent. Il s’appuie sur les idées du producteur de revues, Florenz Ziegfeld. Ses shows, à Broadway, sont de vraies fééries. La couturière Lady Duff-Gordon en réalise les costumes entre 1915 et 1920. Puis, à son tour, Erté apporte son style : « ces shows apportent une certaine liberté à la mode féminine avec un vent d’émancipation qui se reflète au travers des magazines de mode : Harper’s Bazaar, Vanity Fair, Vogue qui s’inspirent des costumes des Girls pour créer à leur tour cette image de mode d’une femme oisive et riche[1] ».

Dès le début du cinéma Broadway et Hollywood tissent des liens solides, et, lors du passage aux films sonores, Hollywood adapte de nombreuses revues de Broadway. Dans ce nouveau concept de « films-revues », les costumes somptueux sont portés par des actrices aux canons de beauté uniformisés. Elles sont parfois très dévêtues, le code Haye n’étant pas encore en vigueur, elles remportent tous les suffrages, l’œil du public doit pouvoir s’accrocher à cette fantasmagorie.

Fig 1. Glorifying the American Girl (1929), imdb.

Dans l’industrie cinématographique américaine, le costume n’a jamais été quelque chose d’anodin pour la fabrication d’un film. La plupart des fondateurs de cette puissante industrie sont des immigrés d’Europe Centrale, qui, pour une grande part, viennent de la confection et du petit commerce. Le vêtement n’est donc pas un domaine qui leur est étranger. Ils sont aussi sensibles aux rêves et aux aspirations des familles d’immigrés et d’ouvriers qui rêvent de s’en sortir et qui constituent pour une large part le public des salles de cinéma américaines :

Ils comprenaient les goûts du public et ils étaient passés maîtres dans […] l’art de la promotion : ils savaient comment s’attirer une clientèle captive… […]. Le public, c’était eux… […]. Des deux côtés de l’écran, c’étaient les mêmes individus.[2]

C’est peut-être avec ce regard spectateur sidéré par cette image animée, d’un rêve de beauté parfaite, celle de la femme américaine idéalisée que Sam Goldwyn propose un contrat mirobolant d’un million de dollars à Gabrielle Chanel ; sa maison de couture représentant alors le summum du chic parisien. Il souhaite qu’elle collabore en tant que directrice artistique, donnant le ton des tendances pour ses stars sous contrat, à la ville comme à l’écran.

 

Fig 2. Sam Goldwyn et G. Chanel à L.A., en 1931.

The Samuel Goldwyn Jr. Family Trust/Academy Of Motion Picture Arts and Sciences

 

Goldwyn estime que ses stars américaines se révèlent quelconques à l’écran et pense qu’Hollywood a « besoin de sang neuf[3] ». Cecil B. De Mille a déjà fait venir un artiste français, l’illustrateur de mode et décorateur Paul Iribe, pour travailler sur les costumes de plusieurs films de Gloria Swanson. Sam Goldwyn veut surpasser cette initiative en faisant venir à Hollywood « Coco » Chanel. Elle collabore alors aux trois films de la Samuel Goldwyn Productions de manière inégales : Palmy Days (1931), To-night or Never (1931) et The Greeks Had a Word for Them (1932) ne rencontrent pas le succès attendu. La couturière sait certainement imposer ses choix dans son entreprise à ses ouvrières et à ses clientes, mais face à un système hollywoodien qui a ses règles et qu’elle ne maitrise pas, la situation se révèle plus complexe.

 

 

Fig 3 et 4. Gloria Swanson, To-night or Never (1931)

 

Dans To-night or Never, réalisé par Melvyn Douglas, elle habille l’actrice Gloria Swanson enceinte entre les débuts de ses essayages et le tournage du film. La fluidité des satins et leurs tombés s’en ressentent parfois à l’image. Les costumes semblent emprunts de la ligne et du style Coco Chanel, trop simple, voire « trop pauvre » pour certains. Le cinéma possède ses propres lois. Il lui faut, plus encore que pour le théâtre, exagérer les effets pour les faire passer dans le public. « Or une femme habillée par Chanel est d’une sobre élégance, une élégance qui ne se remarque pas[4] ». Il faut pourtant qu’au cinéma la robe puisse mettre en valeur l’actrice et son personnage. Les spectateurs américains attendent ce qu’Hollywood sait offrir à son public, un luxe ostentatoire et une richesse déployée à chaque plan, plus encore en période de crise économique, où le public cherche à s’évader au cinéma. Les backstage movies de cette décennie, à la RKO, grâce au duo Astaire-Rogers, le montrent.

Chanel ne réussit pas son intégration artistique à Hollywood. Swanson souligne simplement, dans son autobiographie, « les merveilles de Chanel[5] » qui lui ont permis de cacher sa grossesse de trois mois, engoncée dans des gaines élastiques. Chanel rentre à Paris et poursuit ses activités dans sa maison de couture et reprendra, plus tard, sa collaboration avec le cinéma, français cette fois-ci….

 

[1] Céline G. ARZATIAN, « La théâtralité Minnellienne de Broadway à Hollywood : transferts culturels et esthétiques à travers trois films musicaux : Cabin in the Sky (1943), Ziegfield Follies (1945) et Brigadoon (1954) », Mémoire de Master, sous la direction de Marguerite Chabrol, Paris Ouest Nanterre La Défense, septembre 2012, p. 23.

[2] Neal GABLER, Le royaume de leurs rêves, la saga des Juifs qui ont fondé Hollywood, Paris, Hachette Littératures, 2005, p. 16.

[3] Bertrand MEYER-STRABLEY, 12 couturières qui ont changé l’Histoire, Paris, Pygmalion, 2013, p. 181.

[4] Henry GIDEL, Coco Chanel, Paris, Flammarion, 2000, p.250.

[5] Gloria SWANSON, Swanson par elle-même, Paris, Ramsay Poche Cinéma, 1981, p.395.


The best part with the bundle available from thisOris Artelier Side-effect considerations your buck, which fake watches usually is still very sensible taking into consideration all of the features shown on your switch.
Personally, I am hoping which McLaren along with Ford perform away all the kinks shortly and fake hublot replica initiate rivalling with regard to ethnic background benefits again! That might be a pleasant change around the stage, and in terms of their particular view sponsor since we’ve witnessed adequate IWC, Hublot and also Tag Heuer these types of prior decades (only fooling of course!).
Please wait payment is processing....