L’actrice fétiche d’Alfred Hitchcock, devenue en 1956 princesse de Monaco à la suite de son mariage avec le prince Rainier III, demeure une figure de légende trente-sept ans après sa disparition en 1982. A l’occasion du quatre-vingt-dixième anniversaire de sa naissance, le musée Christian Dior de Granville a souhaité mettre en lumière la personnalité et le style de la princesse, icône éternelle.
Dès sa rencontre avec le prince Rainier, Grace montre un goût tout particulier pour les créations Dior. Lors du bal donné pour ses fiançailles à l’hôtel Waldorf-Astoria de New York, elle apparaît vêtue d’une robe réalisée spécialement par les ateliers de la Maison et pose, la même année, pour un portrait officiel, signé Yousuf Karsh, habillée du modèle haute couture Colinette, imaginé par le couturier-fondateur pour sa collection automne-hiver 1956-1957. Après la disparition de Christian Dior, Marc Bohan, devenu directeur artistique de la Maison en 1961, trouve en elle l’incarnation parfaite d’une élégance racée, moderne, sobre et raffinée, en symbiose avec sa vision de la couture. La princesse voit en Marc Bohan non seulement le couturier de l’air du temps et du glamour monégasque, mais aussi un ami, proche de la famille. En 1967, la princesse accepte d’être la marraine de la griffe Baby Dior et inaugure la boutique pour enfants en compagnie du directeur artistique. Elle décore sa propre salle de bains de flacons de parfum de la Maison et reçoit, au Palais princier, Serge Heftler-Louiche, l’ami d’enfance granvillais de Christian Dior, devenu président de Christian Dior Parfums.
Riche d’une sélection d’environ quatre-vingt-dix robes issues de la garde-robe précieusement conservée au Palais de Monaco, l’exposition propose une « vision double » de la princesse : celle de son personnage public, distingué et gracieux dans ses apparitions officielles, et celle d’une femme moderne, épouse et mère attentionnée. Autour de ses robes de haute couture Dior, des portraits, des photographies, des reportages, des extraits de films d’actualités, des dessins de décors de fêtes créés par le décorateur et costumier de théâtre André Levasseur, des croquis, des flacons de parfum et des lettres témoignant de sa correspondance avec la Maison célèbrent le charme et la beauté de Grace.
Des grands bals aux voyages officiels à travers le monde, en passant par des événements artistiques et des œuvres de charité, l’exposition révèle l’habileté de la princesse à toujours choisir des tenues appropriées pour chaque moment, avec un sens du spectacle hérité de ses années hollywoodiennes, que tempèrent les nécessités de sobriété propres à son statut de princesse. En famille et dans sa vie privée, Grace retrouve l’attrait pour le confort, une simplicité contemporaine et une allure sportive, souvenirs de sa jeunesse américaine.
Parmi ses robes griffées Dior se devinent ses préférences pour les robes chemisiers, les tailleurs en tweed, les robes blouses, les tenues à la coupe nette et structurée. Pour le soir, cette ambassadrice des arts favorise les déploiements de broderies-bijoux ainsi que les robes en mousseline vaporeuse et les ornements de plumes qui laissent un sillage de légèreté et de délicatesse sur son passage. Les nombreuses robes imprimées ou brodées de fleurs rappellent ses créations personnelles de tableaux floraux et son goût pour le jardinage. Un vif intérêt qu’elle partage avec Christian Dior qui, fasciné par la beauté de la nature, nourrit une passion pour les fleurs et les jardins depuis son enfance passée à Granville, ville normande baptisée la « Monaco du Nord », avec laquelle les Grimaldi ont un lien historique fort, noué au XVIIIe siècle.
Grace de Monaco était une femme de son temps, pour qui la mode et le style Dior en particulier étaient nécessaires au prestige de son rôle de première dame tout en s’accordant avec une vie active engagée au service des autres. Elle aurait pu trouver en l’actuelle directrice artistique de la Maison, Maria Grazia Chiuri, une âme sœur, elle qui déclarait : « Je suis fondamentalement une féministe. Je pense que les femmes peuvent accomplir tout ce qu’elles décident de faire*. »
*Traduit de l’anglais : « I am basically a feminist. I think that women can do anything they decide to do. » Citation extraite du livre The Grace Kelly Years: Princess of Monaco, de Frédéric Mitterrand (Editions Skira/Grimaldi Forum Monaco, 2007, p. 223).
Commissariat de l’exposition
Florence Müller, commissaire générale
Gwénola Fouilleul, commissaire associée
Scénographie
Agence Alighieri : Simon Jaffrot et Noémie Bourgeois
Emplacement
Musée Christian DiorDirections
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