Les activités de Culture(s) de Mode sont naturellement suspendues. Cependant, nous vous proposons de continuer à échanger ensemble ici à travers la publication d’articles relatifs à des études publiées ou à des travaux en cours réalisés par nos chercheurs.
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Aujourd’hui, Sandrine Tinturier commence une série d’articles autour de l’élégance en toute circonstance.
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La veste est de bonne coupe, son étoffe de bonne facture. Elle apparait souple et confortable. Elle n’est pas épaulée mais l’homme n’a pas besoin d’en imposer par une carrure exagérée, il est armé. Les revers crantés sont étroits. Les deux boutons fermant le vêtement remplissent leur office. Les pans de la veste viennent s’écarter sous le dernier bouton, à la taille, donnant de l’aisance à la position à genoux ou accroupie. Ils s’ouvrent sur un pantalon de couleur claire qui semble ample et lui aussi confortable. Une culotte de coupe jodhpurs, sans nul doute.
La fine cravate noire, bien en place, maintient le col rigide, probablement amidonné de la chemise blanche. Les manches de celle-ci ont été retroussées de concert avec celles de la veste, méthodiquement. Les revers sont plats et occasionnent peu de plis sur le haut des manches. Ils offrent une largeur que l’on pressent savamment étudiée. Dix centimètres peut-être.
Cette tenue pourrait être le pendant de celle portée par Edouard VIII sur une photographie illustrant l’article titré « Tenues hippiques » paru dans Adam, revue des modes masculines le 25 février 1926. Notre homme est ainsi à la pointe de la mode anglaise en matière de tenue de chasse. Comme le « charmant Prince de Galles », son « amour des exploits cynégétiques s’allie toujours avec une recherche particulière d’élégance ». Plus royaliste que le futur roi éphémère de Grande-Bretagne, notre homme poursuit plus loin sa quête de raffinement arborant une pochette blanche flottant sur sa poitrine. L’accessoirisation due cette veste de chasse est-elle utile ou seulement déplacée ?
A l‘arrière plan de l’image, une ombre chinoise trace les contours communs d’un serviteur népalais enturbanné monté sur un éléphant. De l’apparence de cet homme ne s’échappe que le pressentiment d’un port de tête altier. Au premier plan, les coulures de sang s’appliquent à suivre le motif des rayures dessinées sur le pelage du tigre, jouant du camouflage offert par les clichés noir et blanc.
L’élégance se porte en toute circonstance.
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// Source: photographie, 1926, collection privée.
Au dos de la photographie: Nepal, 29/1/ 1926. Alexandre S (illisible), collection privée