Par Sandrine Tinturier.
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Une étrange nostalgie nous prend face aux traces photographiques de temps où chaque sortie était matière à élégance ; ces époques où chaque femme ne passait le pas de sa porte que méticuleusement apprêtée, soigneusement coiffée, prête à égaler par sa mise, les silhouettes de papier glacé et autres étoiles projetées sur les écrans de cinéma.
Notre Italienne, droite et piquée comme un I sur le bitume d’un circuit de karting, parait maîtriser les paramètres d’une élégance tout droit sortie d’un magazine de mode ou d’un film. L’éloquence de son corps vêtu n’a que faire de l’incongruité du décor devant lequel elle se met en scène, offerte à l’objectif du photographe, le visage de face, le corps de trois-quarts. Sa coiffure bouffante, sa tenue chic et sombre, sa silhouette longiligne, juchée sur de hauts talons, sont impeccables.
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Cette femme est probablement déjà mère. Pourtant, à cet instant précis, elle est seulement femme. Elle a quitté son rôle et son costume maternels pour devenir une vision d’élégance. Heureux enfants des années 1950, témoins de la métamorphose de celle qui leur appartient en une autre, une dame belle, séduisante et offerte aux regard des autres. Les bambini s’endorment le soir en rêvant que la figure centrale de leur vie s’est évadée des studios de Cinecittà pour venir les border, les embrasser sur le front et qu’après avoir refermé la porte de leur chambre, elle est retournée à sa vie de déesse, laissant pour preuve de son passage l’odeur persistante de son parfum.
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Source: Photographie, années 1950, collection privée.
Source: Photographie, années 1950, collection privée.