Jeanne Jacob, Valentine Truchard, Mahé Malherbe, Laure Arcizet

Le séminaire Parures entend proposer une réflexion interdisciplinaire sur la mode, en particulier sur sa composante principale, du moins dans une acception occidentale : le vêtement. S’habiller est un acte du quotidien que nous faisons sans nécessairement nous interroger sur son sens. Certains s’habillent “sans réfléchir”, d’autres prennent le temps de mûrir leur style - mais tous expriment quelque chose de ce qu’ils sont. Le vêtement est une modalité essentielle de notre être-au-monde, de notre inscription dans un espace social, en même temps qu’une voie d’affirmation d’une individualité propre.

En commençant par se demander pourquoi les êtres humains sont la seule espèce qui crée artificiellement des protections de type vestimentaire, nous nous questionnerons sur l’existence sociale de la nudité. Etre nu, est-ce être dépourvu de vêtements ? Ou n’est-ce pas plutôt être dépourvu de parure ? Se vêtir pour résister aux éléments offre un immense avantage à l’être humain : celui de manipuler les informations qu’il transmet à ses pairs.

En concevant ainsi la parure comme un ensemble de signaux, nous essaierons de (re)définir ce qu’est la mode, en la distinguant des notions de parure et de vêtement. Système de signes, la parure est ce que l’être humain utilise pour exprimer ou pour construire son identité sociale, morale, sexuelle et individuelle.

Après avoir exploré les concepts d’uniforme, de costume et de travestissement, nous nous intéresserons particulièrement au vêtement comme pratique de performance des genres, ainsi que ce qui se joue dans la stigmatisation de la mode, longtemps associée à une forme de superficialité « féminine ». Qu’est-ce qui se joue ici moralement, philosophiquement, anthropologiquement et socialement ? Considérant l’histoire de la mode occidentale, nous tenterons d’expliquer pourquoi le vestiaire masculin s’est considérablement appauvri lors des siècles derniers, notamment en terme de formes et de couleurs — le genre masculin nous apparaissant comme finalement pris au piège d’une déconsidération sexiste de la mode qu’il a lui-même construite au cours des siècles.

Enfin, ayant exploré quel rapport l’être humain entretient à sa parure, nous questionnerons la pertinence et l’efficacité probables des approches mises en place aujourd’hui pour diminuer l’impact néfaste de l’industrie de la mode sur l’environnement. A notre avis, il convient de comprendre ce qui se joue pour chacun dans ces apparences pour espérer jouer un rôle réel dans la diminution de l’impact sur l’environnement des industries de la mode et du luxe.

Bien loin d’être superficielles, les apparences nous semblent être un objet d’étude essentiel en tant que fait social majeur.