Accessoires hybrides et vêtements importables, motifs en trompe-l’œil ou anthropomorphiques, entre illusion et décalage, le château Borély s’amuse avec la grammaire surréaliste et prolonge le plaisir de l’exposition "Man Ray et la Mode", présentée à Marseille jusqu'au 8 mars dernier.
Fidèle à sa volonté de créer des passerelles entre les objets et les époques mais également de croiser les disciplines, le musée a choisi de faire se rencontrer l’art et la mode à travers 30 pièces issues de ses collections mais également d’oeuvres du musée d’art contemporain de Marseille, signées d’artistes dont les références se situent du côté du Surréalisme : Jean-Michel Albérola et Jan Fabre.
Héritiers d’Elsa Schiaparelli, des créateurs comme Issey Miyake, Castelbajac, Hermès, ou Jean-Rémy Daumas laissent libre court à l’imaginaire, démontrant, si besoin est, que la mode est plus qu’un art appliqué, un véritable moyen d’expression artistique, de "l’art à porter".
Corps écorché
Le corps, son animalité, son étrangeté, est, pour les surréalistes, le laboratoire de ce qu’ils nomment, la «beauté convulsive». Chez les couturiers, il ne deviendra sujet d’inspiration qu’à partir des années 30. Entier ou morcelé, il s’affichera, dès les années 60/70, dans un contexte de libération sexuelle, dénué désormais de toute symbolique surréaliste, pur prétexte créatif. L’envers ou l’intérieur du corps révélés (squelettes, organes, chair) rappellent la beauté morbide qu’André Breton et les Surréalistes accordaient aux images des écorchés (Robe écorchée d'Isabelle Ballu, Prêt-à-Porter AH 1998-99).
Corps morcelé
Le motif des lèvres fait partie des sujets de prédilection des couturiers, comme il le fut par exemple chez Man Ray qui, en 1932, fait de la bouche de Lee Miller, un objet central de son tableau « A l'Heure de l'observatoire - les amoureux » (Bernard Perris, robe ventriloque de 1980). D’autres parties du corps, comme l’œil ou la main, reviennent de manière récurrente depuis les années 60 dans l’univers de la mode. Les membres du groupe surréaliste firent de l’œil un organe ambivalent, entre contemplation et phobie, tandis qu’il apparaît dans la mode comme un talisman plus qu’un symbole (Robe Issey Miyake).
Trompe-l’œil
Tous les arts ont pratiqué le jeu de l’illusion. Le trompe-l’œil s’applique aussi sur les textiles. Depuis le début du XXe siècle, l’impression au cadre plat offre la possibilité aux couturiers de reproduire des détails précis sur leurs étoffes (Jean-Charles de Castelbajac 1978 / Hermès , 1998). Aujourd’hui, l’impression couleur numérique HD ouvre le champ des possibles quel que soit le support textile (Mary Katrantzou, 2009).
Emplacement
Musée des Arts décoratifs, de la faïence et de la Mode - Château BorélyDirections
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