Florence Magnot-Ogilvy (Université Rennes 2, CELLAM) : Déchiffrage et lexique des « façons » : l’activité herméneutique de la rencontre chez Robert Challe
Cette intervention au carrefour des problématiques de l’apparence et de la sociabilité propose une analyse du lexique des « façons » chez Robert Challe, écrivain du tout début du XVIIIe siècle particulièrement sensible aux changements et aux nuances des mœurs. Les « façons » seront étudiées dans le texte comme un langage social du corps, du maintien, de la physionomie, du visage, « habitus » qui, associé à un certain degré maîtrise du langage verbal, permet aux personnages des Illustres Françaises de déchiffrer les êtres qu’ils rencontrent et de les analyser, quasiment en un seul coup d’œil. Si l’existence et l’intensité de cette herméneutique sociale ont été bien explorées déjà par la critique, qui multiplie les notations relevant de l’infra-verbal et des signes faibles, avec la manière dont le Journal de Voyage aborde la rencontre dans le genre du récit de voyage. L’apport de cette étude sera de tenter d’en analyser la formulation et le lexique : dans un roman (considéré comme un jalon de l’histoire de la mimésis romanesque) comme les Illustres Françaises, comment se formule l’évaluation des manières et des façons de l’inconnu.e rencontré.e et l’ajustement, l’adaptation des manières et des façons de celui qui raconte la rencontre ? Au-delà de l’analyse lexicale, ce jeu d’ajustement des manières sera un point d’observation des valeurs partagées et de leur éventuelle évolution ou critique.
Florence Magnot-Ogilvy est professeure de littérature française du XVIIIe siècle à l’université Rennes 2 et membre du CELLAM (Centre d’étude des littératures et langues anciennes et modernes). Elle est spécialiste du genre romanesque (La parole de l’autre dans le roman-mémoires 1720-1770, Peeters, 2004) et de l’étude des rapports entre le discours économique et la fiction (Le roman et les échanges au XVIIIe siècle : pertes et profits dans la fiction des Lumières, Classiques Garnier, 2020).
Anna Rolland (Université Rennes 2, CELLAM) : « Complaisance », apparences et sociabilité dans le théâtre de Molière
Ma communication consistera à étudier les évocations de la « complaisance » qui traversent le théâtre de Molière et à analyser comment cette notion complexe, qui permet chez le dramaturge d’évoquer, entre autres, le jeu de la sociabilité mondaine et celui de la séduction amoureuse dans un cadre mondain, peut également être reliée à la question des apparences.
Cette notion me semble fondamentale dans le théâtre de Molière, notamment à partir de 1666 : on trouve en effet dans Le Misanthrope onze occurrences de « complaisance » et de ses dérivés, apparaissant dans des scènes particulièrement importantes de la pièce : conflit amical matriciel entre Philinte, défenseur, quand il est question de sociabilité et d’honnêteté, d’une « vertu traitable », d’un idéal du juste milieu, et Alceste, pourfendeur de la « vaste complaisance » d’un cœur mondain ; conflit esthétique au sujet d’un sonnet mondain (il est impensable, selon Alceste, de louer les « sottises » d’Oronte ; Philinte, en le faisant, devient un « vil complaisant ») ; conflit amoureux (Alceste reproche à Célimène, qu’il aime, sa « complaisance » trop « étendue » à l’égard des marquis qui l’entourent – thématique du faux espoir suscité par la dame qu’on retrouve d’ailleurs aussi dans le sonnet d’Oronte : « Vous eûtes de la complaisance / Mais vous en deviez moins avoir… »).
Cette notion peut s’articuler à la question des apparences : il s’agira pour moi d’étudier les évocations du paraître, de la façon de se présenter au monde, qui entourent celles de la « complaisance » et sont intrinsèquement liées aux questions de sociabilité. Cette articulation est particulièrement explicite dans L’Avare (1669), où Valère s’exprime en ces termes, au sujet du père d’Élise : « Vous voyez comme je m’y prends, et les adroites complaisances qu’il m’a fallu
mettre en usage pour m’introduire à son service ; sous quel masque de sympathie et de rapports de sentiments je me déguise pour lui plaire, et quel personnage je joue tous les jours avec lui, afin d’acquérir sa tendresse. »
Si la métaphore du jeu et du déguisement rend ici l’articulation de la complaisance, de la sociabilité et des apparences particulièrement éclatante, il s’agira aussi, plus largement, d’analyser cette association lorsqu’elle se fait, chez Molière, plus discrète, moins évidente.
Anna Rolland est agrégée de Lettres modernes et doctorante contractuelle à l’Université Rennes 2. Après avoir travaillé sur la poésie du XIXe siècle et plus particulièrement sur les figurations du lecteur dans Les Fleurs du mal de Charles Baudelaire, elle a enseigné trois ans en lycée général et technologique et prépare, depuis septembre 2020, une thèse, sous la direction de François Trémolières (Université Rennes 2) et d’Anne Régent-Susini (Université Paris-III Sorbonne-Nouvelle). Ses recherches sont consacrées aux évocations de la « complaisance » dans plusieurs champs littéraires et sociaux au XVIIe siècle (préciosité, comédie, littérature morale).
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