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Actualité 1 mai 2020

[LA MODE COMME LANGAGE]

par Saveria Mendella, Doctorante en Mode et Langage à l’EHESS, illustré de photographies d’Antoine Bedos

 

 

Mode et confinement : quel avenir pour le sac à main ?

De nombreux linguistes s’accordent sur une théorie plutôt convaincante selon laquelle les objets sont définis par leur fonction. Pour l’illustrer, l’un des exemples privilégiés est celui du cendrier : un gobelet n’a-t-il jamais été nommé ainsi lors d’une soirée ? Un petit récipient transformé comme tel lors d’un dîner ? Ensuite, les référents symboliques que nous accolons à ces outils du quotidien se chargent de l’assemblage, de la trajectoire imaginaire.

Tandis que la moitié des êtres humains est confinée pour lutter contre la propagation du covid-19, certains de nos objets du quotidien gagnent en valeur utilitaire (téléphones, ordinateurs et livres en tête) et d’autres la perdent totalement.

C’est le cas du sac qui, excepté pour les nombreuses personnes – surtout des femmes – participant au maintien actif du fonctionnement des pays, est relégué au placard. Sa fonction première étant de transporter des objets, de déplacer notre intérieur vers l’extérieur tout en conservant une intimité similaire aux quatre murs de nos demeures, le sac paraît bien inutile en période de confinement.

Un large pan de nos objets s’apparente au sac. Des paniers tressés, en passant par les cabas de supermarchés réutilisables, jusqu’aux sacs vendus par les marques de luxe, tous bénéficient de la dénomination « sac ». Puis les référents symboliques, en somme les signifiés, permettent de les différencier dans leurs usages, mais, in fine, que légèrement dans leur signifiant, dans leur forme. Le sac de soirée recouvrera des signifiés liés au secret, au chic, le sac de courses ceux d’utilitaire, de diurne, le sac de sport un signifié de dynamisme, le sac de luxe signifie richesse et goût pour un certain esthétisme, etc.

Ces dernières années, une réflexion probante dans le milieu de la mode sur le sac fût celle proposée par la marque Balenciaga qui commercialisait un sac bleu en 2017, ressemblant fortement au sac Ikea vendu pour quelques centimes d’euros. Le directeur artistique interrogeait la mode sur la crédibilité des référents accordés aux sacs de luxe et replaçait la fonction, l’usage même du sac, au cœur de la thématique des accessoires de mode. L’utilisation, une fois exacerbée, dépasse-t-elle la symbolique des objets de luxe ?  Si le sac de courses utilitaires devient un sac de luxe, lequel des signifiés de ce même sac l’emportera ? Le contenu, en somme l’usage, définit-il le contenant ?

Le deuxième synonyme le plus employé pour compenser le terme « sac » est le nom commun « poche ». En cette période inédite, la poche n’aurait-elle pas tout simplement remplacé le sac ? Cette bourse dans laquelle on transporte moins d’objets certes et à la fonction sociale d’appartenance plus discrète, voire invisibilisée, permet de transporter nos essentiels lors des brèves sorties autorisées sans s’encombrer de référents et signifiés que le sac rendait ostensibles. Sans sac, on déduit difficilement le statut social d’une personne, ou même l’objet de sa sortie, mais l’on devine tout de même que son déplacement est limité dans le temps et l’espace.

Dans son livre sur le sac à main*, le sociologue Jean-Claude Kauffman révèle que le sac n’est pas un objet ordinaire. Cet accessoire, en rien accessoire, transporte des croyances et savoirs, renferme des secrets, ballade des préoccupations et centre d’intérêts, rassure, sécurise, prévoit, … Le sac n’est nullement ordinaire certes, mais demeure tout de même apparenté à la vie ordinaire. Il reflète et protège notre personnalité, au même titre que le vêtement, à la différence que le sac doit se munir d’autres objets que lui-même pour justifier sa présence et sa proximité avec notre corps.

En temps de confinement, lorsque chaque objet est susceptible de contagiosité et que la vie en extérieure est réduite au strict minimum, à la fois dans le temps et l’espace, le sac n’est plus un allié. Il n’est plus le miroir transportable de notre être social, mais un objet encombrant dont on doit se délester pour aller à l’essentiel. Son synonyme, « poche », est alors davantage enclin à répondre aux besoins actuels pour prévenir les fameux gestes barrières. Le sac et la vie en extérieur ont une relation entre une image sociale et un objet, un signifié et un signifiant, entre une fonction et un usage,que l’époque que nous traversons tend à annuler. Comme le dirait Roland Barthes « l’un appelle l’autre », le sac et la vie en extérieur sont intrinsèquement liés et ceux dès la conception du terme.

Qu’en sera-t-il donc, dans la mode post-confinement, de ces accessoires aux prix parfois exorbitants et sur lesquels toutes les marques de luxe capitalisent s’ils ne peuvent plus assurer leur fonction symbolique de montrer son allégeance à une marque, ses compétences en matière de connaissances de mode, son capital personnel, son mode de vie, etc.? Tel que prédit par Demna Gvasalia, le sac de courses tendrait-il à devenir l’unique must have?


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